
L'étiquette en bateau n'est pas facultative. C'est notre façon de maintenir la navigation.
Tout le monde aime le frisson de l'eau : le ronronnement du moteur, la traction d'une voile, le sentiment de liberté. Mais ce que la plupart d'entre nous oublions, c'est que ce que nous apprécions le plus dans la navigation ne peut se réaliser que grâce à un accord social tacite : l'étiquette .
L'étiquette n'est pas seulement une question de courtoisie. C'est le ciment invisible qui préserve l'expérience — et la raison pour laquelle nous ne vivons pas encore sous une nouvelle bureaucratie. Lorsqu'elle s'effondre, nous perdons bien plus que notre sang-froid. Nous perdons le privilège d'un espace autogéré.
Voici donc un aperçu clair de ce que signifie réellement une bonne étiquette sur l'eau, et pourquoi il ne s'agit pas seulement d'être poli, mais de maintenir la navigation en vie.
Faites attention à votre réveil.
Un bateau ne se contente pas de se déplacer sur l'eau : il crée des ondulations, parfois littéralement. Le sillage important d'un navire rapide peut déstabiliser des yachts amarrés, submerger des canots pneumatiques et renverser un gin tonic. Plus grave encore, il peut endommager les coques, déloger les défenses et causer de graves blessures.
La solution est simple : ralentissez dans les ports, les mouillages et les chenaux étroits. Respectez les limitations de vitesse affichées. Soyez attentif à votre environnement. Ce n'est pas Alerte à Malibu… vous n'êtes pas filmé.
Respectez le silence.
Le son se propage plus loin sur l'eau que sur terre. Une simple instruction criée, un appel téléphonique ou une playlist de fête peuvent devenir le divertissement d'une soirée pour tous les bateaux dans un rayon de 800 mètres.
En Grande-Bretagne, l'étiquette veut qu'on mette la bouilloire en marche et qu'on fasse moins de bruit. Aux États-Unis, on pourrait vous le dire carrément.
Mais où que vous soyez, ne présumez pas que d’autres se sont inscrits pour votre bande-son.
Faites signe en passant.

L'acte le plus subtil de l'étiquette nautique. Un petit signe de la main au passage des bateaux est plus qu'une simple politesse. C'est un signe de conscience, de convivialité et de respect du même code.
Dans les zones très fréquentées, cette fonctionnalité se perd. C'est dommage, car c'est l'un des rares signaux qui nous rappellent que nous ne nous contentons pas de conduire des véhicules, mais que nous partageons quelque chose de meilleur.
Assumez vos erreurs.
Il arrive à tout le monde de rater quelque chose. Un lancer de ligne maladroit, une tentative d'amarrage maladroite, un mauvais virage sur le fairway… ça arrive. Ce qui compte, ce n'est pas l'erreur, mais ce que vous faites ensuite.
Reconnaissez-le. Excusez-vous si nécessaire. Corrigez le problème si possible. Ce genre de réponse vous fera gagner le respect plus vite que n'importe quelle manœuvre parfaite.
Alcool.
Au Royaume-Uni, il n'existe pas de limites universelles d'alcool prescrites pour les conducteurs de bateaux non professionnels, mais il est illégal de conduire un bateau si l'alcool ou les drogues altèrent votre capacité à le faire en toute sécurité, avec des conséquences telles que des amendes, l'emprisonnement et la mise en fourrière du navire en vertu des règlements locaux ou de la loi sur la marine marchande.
Cela ne signifie pas que les risques disparaissent. L'étiquette s'applique là où un comportement, même s'il n'est pas illégal, peut néanmoins mettre autrui en danger.
Si vous êtes aux commandes du bateau, restez vigilant. Cela ne signifie pas abstinence totale, mais responsabilité. Dépasser légèrement la limite autorisée n'est pas d'une grande aide en cas de collision, de blessure ou de dommage. Votre assurance ne sera pas impressionnée non plus.
Ne dominez pas l’espace partagé.
Places de port, pontons, stations-service, points d'eau : ce sont des installations partagées, pas votre refuge. Utilisez-les à bon escient, puis passez à autre chose.
Ne bloquez pas l'accès pendant que vous discutez, ne vous attardez pas pendant que les autres attendent et ne présumez pas que vous avez plus droit à l'espace que quiconque.
En bref : soyez conscient de votre empreinte, même lorsqu’elle est métaphorique.
Les règles de la route sont importantes, mais la courtoisie aussi.
Oui, les COLREGS existent. Mais les humains aussi. Les règles de priorité sont assez claires, mais il y a toujours des zones d'ombre : des passages étroits, des novices désorientés, de gros bateaux…Avec des angles morts. Laisser aux dériveurs et aux voiliers plus d'espace que nécessaire est un signe de respect envers autrui.
Vous avez peut-être techniquement raison, mais foncer tête baissée dans un contexte serré juste pour prouver quelque chose fait de vous un simple capitaine et un handicap. La courtoisie n'est pas une faiblesse ; c'est la survie de tout le système.
Aidez tranquillement, pas héroïquement.
Tout propriétaire de bateau a besoin, un jour ou l'autre, d'un aide à la manœuvre, d'un renfort de pare-battage ou d'un coup de main rapide pour les cordages. Proposez votre aide si vous le pouvez, mais restez calme et respectueux. Personne n'a besoin d'une intervention brutale.
Une compétence discrète est très utile. Il en va de même pour éviter de s'impliquer si l'on n'est pas sûr de ce que l'on fait. Une aide bienveillante restera dans les mémoires.
Enseigner à la prochaine génération.

Personne ne naît en sachant comment embarquer, communiquer par radio ou partager un amarrage. Cette connaissance s'acquiert par l'observation, les questions et l'apprentissage. Si nous ne transmettons pas les bons comportements, quelqu'un d'autre nous transmettra les mauvais, et nous en pâtirons tous.
Les courtiers en bateaux constatent une augmentation des tensions dans les marinas : bateaux laissés moteurs allumés, étiquette radio ignorée, règles considérées comme facultatives. Voilà comment la réglementation s'infiltre.
Pas besoin de sermons. Expliquez simplement ce que vous faites dès leur arrivée et pourquoi c'est important. La culture ne se transmet pas automatiquement. Il faut la souligner.
Dernier mot.
L'étiquette n'est pas un luxe. C'est le prix à payer pour y accéder. Sans elle, on perd ce qui rend la navigation si spéciale : l'espace pour se gérer soi-même.
Alors, la prochaine fois que vous sortirez, considérez l'étiquette non pas comme une contrainte, mais comme une forme de liberté. C'est ainsi que nous maintenons la mer ouverte.